Lénine, post-combustion

Pour lui, tout a été instantané. Les flammes qui le dévorent peu à peu et la douleur intense qui lui déchirent les nerfs alors qu'il se rend compte que de banals hurlements ne sauraient traduire toute l'horreur de sa situation. Dans une armure de SWAT intégrale coûtant pas loin de $10.000 au gouvernement, Lénine bouillonne. Littéralement.

Puis plus rien ? Non.

Puis un plafond. Le genre de plafond qui n'évoque pas, mais alors pas du tout, le cadre paradisiaque d'une vie post-mortem. Plutôt un plafond suspendu, avec des dalles en polystyrène traité. Il ne se demande même pas où il est. Il constate simplement.

Clinique Saint-James...

Cela se voit confirmé par les odeurs de produits médicaux qui lui mettent illico la nausée, le *bip* de la machine à laquelle il espère ne pas être relié, et le fait de ne, pour ainsi dire, plus rien ressentir. Ni ses bras ni ses jambes, qu'il ne sait même pas comment il pourrait les remuer. Par reflexe, il tente de parler, ce qui a pour effet de lui arracher un juron poussé dans sa langue maternelle. Ca fait mal.

Lénine n'est pas mort, mais il aurait peut-être préféré...

Lenine se réveilla donc dans cette chambre d'hôpital... Il ne chercha pas à se rappeler les raisons de sa présence ici... Les souvenirs étaient encore trop vifs. Il avait donc échoué dans sa mission... Il avait à peine réussi à sauver une seule personne... Tous les autres étaient morts par sa stupidité... Une seule chose était évidente pour lui... Dans l'état où il était et après ce qu'il avait fait, sa carrière était totalement terminée. Finie la célébrité, les jolies filles, il ne méritait plus rien... Trouverait-il un jour le moyen de se racheter de son erreur? Dans l'état où il se trouvait il en doutait fortement...

Il ne semblait plus lui rester qu'une seule solution...

"INFIRMIERE!! UNE VODKA!!!"
En espérant que l'infirmière était mignonne...

[HRP]Je suppose qu'il ne s'est pas encore vu dans un miroir, ce sera donc une surprise prochaine certainement...[/HRP]

Sa demande se termine dans un gargouillis peu engageant et extrêmement douloureux. La douleur s'estompe quand il rouvre les yeux. Il voit Martha (c'est écrit sur son badge d'infirmière) lui injecter une dose entière d'antidouleurs sans même qu'il ne sente l'aiguille lui perforer le bas-ventre.

"N'essayez pas de bouger, euh... Mr Trowfoor."

Elle n'a rien d'une nymphe, la Martha. Mais sa présence rassurante et sa voix donnent à Lénine l'impression d'être aussi fragile qu'un enfant neurasthénique. Alors il se raccroche bien malgré lui, dans sa détresse, à cette figure maternelle.

"Voilà. Le médecin va pas tarder à arriver. Je vous ai mis une dose de vicodin. Vous allez être capable de parler d'ici quelques minutes. Il vous expliquera tout."

Faute de mieux, Lénine se détend. L'infirmière, boudinée dans sa blouse, est affairée à ranger son plateau de médicaments. Il finit par entendre des pas nerveux en provenance du couloir, et la porte s'ouvre sur un personnage visiblement très pressé, les yeux plongés sur l'écran de son PDA.

"Je suis le docteur Andy Winston dit-il sans lever les yeux, alors qu'il ocmpare la plaquette au pied du lit avec les données affichées sur son petit écran. Alors voilà le topo... Vous êtes ici depuis maintenant quelques jours, plongé dans un coma dont vous auriez pu tout aussi bien sortir d'ici des années. Mais tant mieux pour vous, vous êtes des nôtres à présent. Alors... brûlé à un degré indécent sur 84% du corps... muscles des bras et des jambes abîmés... Ca c'est l'état dans lequel on vous a retrouvé. Une opération a immédiatement eu lieu pour vous retirer cette armure qui vous collait à la peau. Au sens propre... Il a fallu procéder à des greffes, qui ont visiblement tenu... Du moins en grande partie. C'est ce qui vous a maintenu en vie à vrai dire. Votre état s'est stabilisé par la suite..."

Il daigne enfin regarder Lénine dans les yeux, et amorce une réaction de dégoût vite refoulée, mais pas assez pour que le Cops ne s'en aperçoive pas.

"Pour ce qui est de votre visage, hum... notre clinique est spécialisée dans la reconstruction faciale si vous le souhaitez... Nous en avons parlé à la jeune demoiselle qui est venue vous voir quelques fois. Celle que vous aviez sauvé je crois. Elle est prête à avancer tous les frais nécessaires."

Il prend une pause pour reconsidérer la suite de son laïus.

"Bon je suppose qu'en tant que grand miraculé, vous avez des tas de questions, non ?"

[HRP]Arf impossible de retrouver son nom rapidement lol à la gamine![/HRP]

Samantha... Son nom lui revint immédiatement en mémoire... Etait-ce donc elle qui était venu le voir plusieurs fois et qui était prête à payer pour qu'il se fasse refaire le visage?... Euh... Pourquoi le visage? Qu'est-ce qu'il avait son visage???

"Un miroir..." Il avait encore un peu de mal à parler mais cela lui passerait...

"Comment vont les autres?" demanda-t-il le temps que quelqu'un lui amène un miroir.

"Je peux avoir une vodka?"... En effet il avait besoin d'avoir l'esprit clair pour savoir quoi demander, qu'elles étaient ses réelles inquiétudes...

Le médecin a l'air hésitant quand Lénine lui demande un miroir, mais Martha prend rapidement l'initiative d'en sortir un de l'armoire murale de la chambre. La première chose que le cops remarque en se regardant, c'est l'absence de son nez. Un frisson lui parcourt l'échine quand il se rend compte qu'il n'a plus non plus d'oreilles. Et ses lèvres. Elles sont tellement fines qu'il n'arrive pas à fermer complètement la bouche. C'est une catastrophe. Seuls ses yeux semblent avoir échappé au massacre. Yeux qu'il s'empresse de détourner de ce triste spectacle... Il n'a plus besoin de masque pour faire peur...

"Comment vont les autres ?"

Le docteur Winston, heureux de pouvoir passer à un sujet plus réjouissant, répond :

"Et bien figurez-vous que McGregor, votre collègue qui vous a sauvé, est sorti ce matin... Martha, vous devriez prévenir Hawkins que son élément est sorti du coma."

L'infirmière s'éclipse sur un hochement de tête silencieux.

"Lui et Schneider n'avaient pas grand chose, même si McGregor était blessé plus modérément à l'abdomen... Ca aurait pu être pire. Bien pire..."

Quand à la dernière demande, le docteur ne peut que la décliner poliment, sous couvert de ligne de conduite hospitalière.

"Nous avions profité de votre coma pour faire le gros des opérations. Le temps que tout se cicatrise, vous aurez l'air humain à nouveau. Pour ce qui est de votre mobilité, vous êtes depuis trois jours sous traitement biochimique par impulsion électrique. Vos muscles se rééduquent grâce aux décharges qu'on envoie dans votre corps à intervalle régulier. Vous ne sentirez rien de tout cela tant qu'on vous gardera sous perf. Ce serait trop douloureux sinon. Voilà. Nous allons vous gardez encore une dizaine de jours, puis on vous relachera. Vous serez sous traitement quotidien, avec plein de pilules à prendre. C'est pour que les greffons tiennent... Ainsi, d'ici quelques mois si tout va bien, nous pourrons remettre votre visage en état, grâce aux dons financiers de la jeune fille."

Il allume la télé.

"Bon... je vous laisse avec MTV... Haaa, Britney Spears... toujours aussi charmante malgré son embonpoint.... Terrible ce qui est arrivé à un de ses fils hein ?"

Après un silence gêné, il salue le cops et se dirige vers la porte.

Lenine regarda une seconde la télé, ne répondant pas à la remarque sur son fils, ancien COPS, jusqu'à son décès dû à la drogue, puis, comme s'il se rappelait d'une chose, appela le docteur qui quittait la chambre.

"Excusez-moi, mais... Samantha va bien? Et l'attaque... Elle a été réglée?"

Sans piper mot, le docteur se contente de sourire en revenant, puis change de chaîne. Les infos. Elles relatent les faits. Un portrait des terroristes est dressé. Et la disparition de Mac Allister est le point d'orgue de la ligne éditoriale. Puis Lénine reconnaît la voix-off du reportage.

C'est SA journaliste...

(On passera en accélérer les 10 jours au moment où Noiraude et Mulder termineront leur scénar. Fais ce que tu veux en attendant. Pour ce qui est des infos, tu apprends grosso merdo tout ce qui est expliqué à la fin du topic sur la mission... déformé par la presse.)

Ils l'avaient promis, Mulder et Noiraude retrouvent Lénine à l'hôpital. Bon, un peu plus tard que prévu : leur semaine de travail non-stop dans la paperasse ne leur a guère laissé de temps, d'autant que leurs temps libres ne correspondait jamais avec les heures de visite où les moments de lucidité de Lénine. Les deux cops vont en tout cas beaucoup mieux, bien qu'ils doivent parfois ingérer quantité de médicaments pour oublier la douleur (surtout Mulder dont la blessure s'est rouverte deux ou trois fois pour pas grand chose).

Les deux cops sont dirigés vers la chambre de leur collègue. Lénine se retourne, surpris, alors qu'il enfilait un t-shirt "KGB". Noiraude et Mulder répriment avec difficulté la nausée qui les envahit : dire que le pauvre Lénine avait été un "beau gars"...

Lenine vit arriver ses deux collègues et amis. Les deux personnes avec qui il s'était le plus rapproché dans son travail.
Le fait de les voir arriver lui fit un grand plaisir. Il ne s'y était pas du tout attendu en vérité.

Il les salua de sa voix empreinte de son fort accent.
"Salut les amis! Comment allez-vous? M'avez-vous apporté une bouteille? Ils refusent de m'en amener une..."

Lenine semblait fatigué. Nul doute qu'il profitait de ses rares moments de forme et de tranquillité par rapport aux infirmières pour essayer de se maintenir en forme par quelques exercices physiques. Un seul livre était posé sur sa table de chevet. Un gros livre en russe sur lequel ils ne purent que lire le nom de l'auteur: Karl Marx.

Après avoir réprimer un haut-le-coeur il s'approche de Lenine.

"Hey beau gosse ! T'as l'air en pleine forme ! Tu pourras sortir dans combien de temps ?"

Accompagant le geste à la parole il s'était approcher avec enthousiasme du russe et avait étiré sa blessure en voie de cicatrisation. Il avait du coup fait un mouvement de replis.

Aïe

(en fait il sort aujourd'hui, j'avais pas précisé ! Vous venez le chercher ! Mais c'est bien, ca fait une blague, huhu)

Lenine eut une grimace à la remarque de Mulder concernant son aspect "beau gosse".

"Je sors aujourd'hui normalement... On devrait fêter ça...Je vais aussi appeler Samantha si elle veut venir avec nous et voir ma gueule de moche. Elle a proposé de payer une chirurgie esthétique c'est sympa non?"

Lenine avait au moins son franc-parler en ce qui concernait son handicap...

Au moins il affiche un moral assez bon...

"Eh bien aller ! On y va. Noireaude je te laisse nous trouver une adresse pour fêter ça : de préférence où on pourra rentrer et boire de la Vodka !"

Puis s'adressant à Lenine.

"Aller rassemble tes affaires et appelle Samantha."

Lenine prit son téléphone et composa le numéro de sa charmante amie.
Bien entendu, son sac était déjà prêt à partir, il ne lui restait plus qu'à remettre son livre dedans.

"Le mieux pour boire un verre ça reste quand même chez toi. Mais l'emploi d'alcool doit t'être déconseillé actuellement car tu dois sûrement prendre une quantité incroyable de médicaments. De plus ta capacité a encaisser n'est plus la même, si tu tiens tant à boire il vaut mieux que ce soit à proximité d'un lieu où tu puisses te reposer."

Lenine soupira.

"Pff!! Rabat-joie! Avec la tête que j'ai, bourré ou pas ça changera quoi? Mais si tu veux on fait ça chez moi. J'ai une dizaine de bouteilles de vodka... Par contre rien d'autre, j'espère que vous aimez!!"

Après quelques instants sans réponse, Lenine poursuivit.

"Sinon on peut s'arrêter dans un supermarché acheter autre chose à boire..."

Au téléphone, Samantha décline l'invitation. Elle a un emploi du temps chargé, et puis avec la disparition de son père, elle est surveillée de prêt par le LAPD pour qu'il ne lui arrive rien de facheux. De plus, selon ses propres termes, c'est pas conseillé de boire avant 21 ans, même et surtout si c'est un représentant de la loi qui remplit son verre. Elle est pressée de pouvoir revoir le cops, mais pas pour le moment...

Les Cops descendent pour fêter ça dignement. Le médecin qui passait par là confirme que l'alcool avec tous ses médicaments est fortement déconseillé...

"Bon ben avec tout ça je crois qu'une bonne nuit de repos nous fera à tous du bien. J'ai pas un appart super grand mais si ça te dit Lenine tu peux dormir chez moi... C'est toujours mieux que de ruminer tout seul, hein "

EPILOGUE :

Fin de l'histoire. Lenine a droit à quelques jours avant d'être rappelé derrière sa plaque. Mulder et Noiraude aussi, mais un peu moins. Au fil des jours leurs blessures finissent par se calmer. Lenine prend des rendez-vous pour sa reconstruction faciale, offerte par la plantureuse (et prépubère) Samantha. Ca fait un peu jasé au bureau, mais en même temps, comme Lénine se rapproche du héros national, on finit toujours par fermer sa gueule. Les choses se tassent peu à peu. Et là dessus je fais démarrer un nouveau scénar.